Un article du Hockey Player magazine n°81
« Il y a quelques jours, Charlotte a marqué en Indian League. »
Retour sur la victoire historique des Red Panthers en quart de finale des Jeux Olympiques de Paris. Charlotte Englebert se souvient, ici, de son but qui a permis aux joueuses belges de mener 2-0 face à l’Espagne, et de se rapprocher plus que jamais d’une première médaille olympique.
Par Boris Rodesch
L’été parisien est déjà loin mais la frustration de cette quatrième place laisse encore un goût amer aux Red Panthers. « Si je suis consciente que nous avons réalisé un beau parcours, finir au pied du podium, c’est la pire position et ça reste compliqué à gérer sur le plan mental. » Tel est l’état d’esprit de la leadeuse technique offensive de l’équipe nationale quand on lui demande de se replonger dans cette soirée du lundi 6 aout 2024, où les joueuses de Raoul Ehren affrontaient l’équipe d’Espagne au stade Yves-du-Manoir à Colombes.
L’Allemagne pour booster le mental
Les Red Panthers participaient pour la deuxième fois de leur histoire aux Jeux Olympiques, douze ans après avoir décroché une honorable onzième place à Londres. Préparées mentalement pour aller chercher un podium, elles débutaient leur tournoi en battant les Chinoises (2-1), grâce à un shoot en lucarne mémorable de Lotte Englebert. Elles corrigeaient ensuite la France (5-0), avant d’assurer leur qualification pour les quarts en se débarrassant des Japonaises (3-0), avec déjà un deuxième but aux JO pour la joueuse namuroise de 23 ans. Au match suivant, elles subissaient leur première défaite contre les Pays-Bas (1-3), grandissimes favorites. L’enjeu de la cinquième rencontre était donc la deuxième place du groupe A. Les Red Panthers s’imposaient finalement 2-0 — signant leur prestation la plus aboutie du tournoi — et évitaient, du même coup, l’Argentine en quarts. La meilleure joueuse du dernier championnat d’Europe précise : « Battre l’Allemagne de cette manière aux JO, c’était la préparation idéale avant d’affronter l’Espagne. »
Une pensée pour les Red Lions
« Le second tour, c’est un nouveau tournoi qui commence. Nous n’avions pas trop d’appréhensions puisque nous connaissions le jeu des Espagnoles que nous avions déjà battues en finale du tournoi qualificatif, à Valence. Elles ont la particularité de jouer le marquage individuel et comme nous, elles misent sur des contre-attaques rapides. Mais l’équipe était particulièrement concentrée, aussi parce que nous étions toutes un peu abattues, suite à l’élimination des Red Lions la veille. La défaite des garçons a servi à nous rappeler que peu importe notre statut de favorites, on était pas à l’abri d’une surprise aux Jeux Olympiques.» La joueuse la plus dangereuse sur le terrain se souvient d’une première mi-temps fermée, à l’avantage des Belges. « Nous avons eu des possibilités, mais nous étions très solides défensivement et elles ne se sont pas créées une seule occasion. De retour au vestiaire, j’avais le sentiment que l’on pouvait encore jouer des heures sans qu’elles ne parviennent à inscrire un goal. J’étais convaincue qu’en continuant à jouer notre jeu, ça finirait par tourner en notre faveur. »
2 buts en moins de 3 minutes
À l’entame de la seconde mi-temps, ce sont pourtant les Espagnoles qui se montraient les plus dangereuses en obtenant un PC, avant que Judith Vandermeiren oblige leur gardienne à se détendre. Profitant pour la première fois d’une supériorité numérique, les Red Panthers insistaient et finissaient par ouvrir le score après 57 secondes de jeu dans le dernier quart-temps, via un superbe débordement d’Alix Gerniers qui isolait Delphine Marien. La joueuse du Dragons reprenait parfaitement ce joli centre en retrait pour placer la Belgique aux commandes. Complètement relâchées, les joueuses belges héritaient, dans la foulée, d’un PC provoqué par Camille Bellis. La troisième meilleure joueuse du monde en 2023 se chargeait — comme à son habitude — de le donner. Barbara Nelen le stoppait pour Stéphanie Vanden Borre qui renvoyait aussitôt la balle vers Lotte. La championne des Pays-Bas en titre avec Den Bosch — qui compte déjà plus de 70 sélections — réalisait un contrôle plein de sang froid pour déstabiliser la gardienne et faire le break. Dans un fauteuil, les Red Panthers pouvaient dérouler jusqu’au coup de sifflet final, avant de fêter une qualification historique pour le dernier carré, qui leur offrait également deux chances de médaille olympique.
Well done Raoul
« On savait avant le match que l’on tenterait cette phase parce qu’elle se prêtait bien à la façon dont les espagnoles sortaient sur PC et que nous ne l’avions pas encore utilisée en poule. À l’entraînement, je ne l’avais jamais exécutée aussi bien. Mais avec la pression du match, je me concentre davantage et j’élève mon niveau. Sur cette phase, la position de Stéphanie en 1,5 force le bloc adverse à sortir de manière plus centrale. Elle profite ensuite de la course d’Hélène Brasseur qui — en attirant la troisième sorteuse — lui permet d’obtenir une demi seconde supplémentaire pour me faire la passe. De mon côté, je dois juste veiller à ne pas être trop proche de la baseline pour avoir un angle de tir. La veille, Raoul m’avait dit que si je parvenais à marquer un petit temps d’arrêt en recevant la balle, ça allait perturber l’élan de la gardienne qui serait à contretemps. C’est exactement ce qui s’est passé et ça m’a permis de trouver un petit trou de souris, en poussant la balle en flick dans le plafond. Ce genre de but est surtout le reflet d’un gros travail d’équipe. C’est pour cette raison que je préfère marquer sur une phase de PC minutieusement préparée que sur un exploit individuel. Au final, je ne retiens pas le beau goal, mais plutôt la réaction euphorique des filles qui ont toutes couru vers moi. C’était un moment incroyable ! »
La suite… On la connaît et on préfère, pour l’instant, ne plus y penser.