7 OLYMPIC GAMES

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18 août 2023
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« Boule et Tchouk (Part 1/2) »

Jusqu’au 20ème siècle il existait des salons littéraires réunissant des hommes et des femmes lettrés, dissertant sur la littérature, le théâtre, les arts, et parfois les sciences.

Si cette époque est révolue, profitons d’une rencontre digne de ces salons, entre deux personnalités du hockey qui auront marqué leur époque. 50 ans les séparent ! Deux parcours exceptionnels, riches en vécu et pleins de sagesse et de bon sens, dont nous dévoilons les échanges, tel quel, en 2 publications espacées d’une semaine.

Boule, c’est André Muschs, 4 Jeux Olympiques et toujours bon pied bon oeil à 88 ans.
Tchouk, c’est Jérôme Truyens, 34 ans et 3 JO.

Boule : « J’ai joué au tennis avec Willy, le grand-père de Jérôme. Je connais donc bien la famille Truyens. Je veux rendre un hommage à Jérôme qui est un clubman. »

Tchouk : « Oui effectivement, mon grand-père m’en a parlé. Et puis je connais Boule bien sûr… On en parlait à la maison. »

Boule Muschs, ce sont les années 50 à 80, Tchouk est plus contemporain, explosant début des années 2000 et toujours sur les terrains. Boule, le tout amateur, Tchouk le passage au professionnalisme.

Tchouk : « J’ai vécu la transition des années 2000. Au début, je devais payer mes équipements, mes déplacements. En U16-U18, vers 2001-2002, il a fallu (Coupe d’Europe à Rotterdam) que je paye mon équipement et les déplacements. Rien n’était pris en charge. Quand Giles Bonnet est arrivé en 2002, on a commencé à être défrayé 100 euros par mois. C’était juste un dédommagement. Au Racing, lorsque j’ai débuté avec la jeune équipe qui est montée en D1, one ne payait pas la cotisation mais il n’y avait aucun joueur payé. Ce sont les deux Garreta (Maxi et Gaby) qui ont été les premiers à être payé. »

Boule : « De mon temps, on payait tout : cotisation, matériel, déplacements. Il m’est arrivé de payer 3.000 francs belges pour un déplacement de 3 jours-deux nuits en Angleterre avec l’équipe belge, c’était en 1960 ; cela correspondait à un tiers d’un salaire moyen. La seule chose que j’ai pu recevoir, c’est le maillot de l’équipe belge. Et on devait le rendre après le match, de même que les chaussettes ! »

Tchouk : « Pour moi au Racing, les choses ont changé doucement. Quand Boon et Charlier sont arrivés, on a progressivement défrayé certains autres joueurs, avec notamment des voitures. Il y avait un besoin de respecter une certaine égalité. Et c’est vrai que lorsqu’on monte de D1 en DH, il faut un budget pour avoir une équipe compétitive. Je suis d’accord avec Boule pour dire qu’à un moment, on a sans doute fait n’importe quoi ; aujourd’hui, les clubs deviennent prudents. »

Boule : « Le passage au professionnalisme est irréversible et l’obtention des Licences pour gérer cela est indispensable. Quand je vois que le Racing a été en virtuelle faillite et heureusement Thierry Deleuze a pu rectifier le tir en remettant tout à plat : les clubs ne peuvent pas faire n’importe quoi. »

Tchouk : « Ce que je déplore, c’est qu’on valorise plus le financier que le projet sportif. Les petits clubs ont des difficultés à monter une équipe compétitive, sauf ceux avec une belle école de jeunes : mais ça prend du temps à ces jeunes pour intégrer l’équipe première ; il faut être patient. »

Boule : « Oui justement, il faut défrayer les clubs qui forment les jeunes. Ce n’est pas normal de voir un club qui passe des années à construire un jeune et voir ce travail non récompensé lorsqu’il change de club. Et il faut que cet argent aille dans la caisse de l’école de jeunes. Quand il y a eu l’affaire Bosman en football, Marc Coorens (président du comité d’Appel) a dit à l’ARBH de défrayer la formation des jeunes : c’est malheureusement resté lettre morte. De mon temps, on ne changeait pas de club ! Je prends l’exemple de Jérôme qui est resté dans son club de formation : il est un exemple pour les Jeunes. »

Tchouk : « Je me souviens, lorsque le Racing est descendu en Nationale 1, que Giles Bonnet m’avait dit que je devais rester en DH. Je lui ai expliqué qu’on allait remonter, que le club avait un projet sportif solide, que l’équipe allait être construite autour de moi alors que j’étais le seul international du noyau et que je me sentais redevable de l’effort du club. Ca ne m’est pas passé par la tête de changer de club. C’était par respect pour le club et je m’y suis impliqué. Ceci dit, je ne suis pas contre les gens qui ont des valeurs différentes et qui ont d’autres projets. Il y a des clubs qui ont d’autres directions et d’autres manières de voir les choses. Chaque sportif doit être bien dans sa peau. »

Le hockey n’est pas l’unique projet de vie de Jérôme Truyens. Il a mené des études de haut niveau et est engagé professionnellement ; il a également une vie familiale prenante.

Tchouk : « Non, c’est vrai. Je ne me suis pas assis sur la chaise financière, j’ai autre chose à côté. » 

Boule : « C’est vrai que j’admire sa motivation. Et sur le terrain aussi. Même quand il ne joue pas bien, il donne des conseils et peut changer le cours d’une rencontre. Je me retrouve en lui ; je me souviens des deux années où nous avons été champions avec Jacques Maroye au goal, mon frère Micou au centre half, moi à l'attaque, et Jacky Bosmans à l'arrière. Oui, je m’entraînais plus que les autres ; j’étais en quelque sorte 10 ans en avance sur mon temps. De mon temps, on s’entraînait une fois par semaine ; le sport était plus social et familial. De mon temps, la vie était beaucoup plus facile. Aujourd’hui, les études sont primordiales. »

Tchouk : « En 2007, quand Adam Commens a repris l’équipe pour aller à Manchester, il nous a dit qu’on étaient tous électionnés : il n’y avait personne d’autres qui voulait partir et faire les sacrifices pour se consacrer au hockey. D’autant qu’il n’y avait pas les perspectives d’aujourd’hui. Un jeune qui veut s’investir, il sait que s’il arrive en A, il ira aux championnats d’Europe et du Monde et aux JO : cela vaut la peine de faire l’effort. De mon temps, on ne s’entraînait pas assez. Les résultats des Lions ont fait en sorte que le hockey en club a monté de niveau. Maintenant, on peut aussi adapter ses études avec le système des crédits, du statut de sportif de haut niveau ; on peut moduler la longueur des études. »

Boule : « Je le redis, c’était plus facile de mon temps. »

Tchouk : « Oui je connaissais Boule de réputation. Mais c’est vrai que c’est plus facile pour un ancien de connaitre un gars comme moi que l’inverse. Moi aussi, ; je retombe tout doucement dans l’oubli (rire). Il y a des jeunes qui demandes des autographes à Cédric Charlier et qui passent devant moi et n’en demandent pas : ils ne me connaissent plus, je ne peux pas leur en vouloir. »

Boule : « C’était un honneur pour les jeunes (les Scolaires, il n’y avait pas d’autres catégories de jeunes de mon temps) de jouer juste avant la rencontre de l’équipe première. »

Tchouk : « On voit moins les jeunes autour du terrain qu’avant. En 2010, on avait beaucoup de monde qui venait alors qu’on était top 2-top 3. Ce sont des phases. »

Boule : « De mon temps, on allait après le match de première pour jouer avec les jeunes. Je me souviens de 1954 où on a joué devant 9.000 personnes sur le site du Racing qui était un peu agencé différemment. Non, je n’ai pas joué en Inde lorsque la Belgique avait été invitée et où il y avait 60.000 spectateurs. »

Tchouk : « Le plus qu’on a eu ici au racing, c’était contre l’Argentine avec plus de 3.000 spectateurs ; et à Uccle aussi contre les Leones devant 9.000 spectateurs. A Londres, on a joué dans le stade de 17.000 spectateurs et à Rio, je crois qu’il y avait plus. »

A suivre... semaine prochaine

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