7 OLYMPIC GAMES (Part2/2)

7 OLYMPIC GAMES (Part2/2)
18 août 2023
7 OLYMPIC GAMES (Part2/2)

Hockey Player MAG

7 OLYMPIC GAMES

« Boule et Tchouk (Part 2/2) »

Boule : « Ce qui m’attire chez Jérôme, c’est le fait qu’il n’est pas Dikkenek, qu’il a un peu mon style de jeu et ça me fait plaisir de retrouver ce type de joueur aujourd’hui. Moi, par contre, j’étais insupportable sur le terrain ; je n’aimais pas trop les arbitres. Un jour, un arbitre a dit à ma femme : ‘il est insupportable aujourd’hui’. Ma femme lui a répondu : ‘ça m’arrange bien tant que c’est pas à la maison’. De mon temps, il n’y avait pas de cartes. Pour être mis dehors, il fallait vraiment que ce soit grave. Je me souviens de ma première carte ; c’était Maurice Duterme : il a sorti de sa poche un carton de bière Stella Artois. »

Tchouk : « Je suis plutôt dans la diplomatie. Je suis moins un grand technicien, je fais travailler les autres. Et puis je suis capitaine, pour cela je dois montrer l’exemple. »

Boule : « Le hockey était moins technique. Aujourd’hui, on ne peut plus faire une mauvaise passe.  Un bon entraîneur, c’est Hein Van Hazebrouck ; il a dit : il est plus facile d’améliorer un joueur qui connait ses limites. »

Tchouk : « On a de bons entraîneurs en Belgique. Au niveau du championnat belge, il suffit de bien gérer le groupe ; au niveau international, il faut plus de connaissances techniques. On a un Shane McLeod qui était un grand meneur d’homme et qui nous a apporté énormément. On a aussi connu un Marcello Orlando qui n’était peut-être pas un grand tacticien, mais quel meneur : il avait son système mais surtout de quoi mener le groupe. Ca ne sert à rien de pousser un entraîneur à voir 46 heures de vidéo et à suivre des cours à n’en plus finir. Non, il faut savoir discuter avec un groupe et faire coïncider les forces et les manques d’un groupe. »

Boule : « On a eu de mon temps aussi des entraîneurs top. Si Ernst Willicq avait eu les pleins pouvoirs à Mexico, on aurait pu faire une médaille plutôt qu’une 9e place : avec les talents qu’on avait… S’il avait pu choisir la tactique, les joueurs, etc. , et non ce que la fédération lui a imposé (je ne cite pas de noms). Il avait fait ses preuves en Espagne : médaille de Bronze aux JO en 1960, 4e en 1964 à Rome. Pablo Negre a fait construire un terrain dans sa propriété et les joueurs s’y sont entraîné pendant 6 semaines : il a fait un super résultat. »

Tchouk : « J’ai eu la chance de rentrer comme U16 dans une structure déjà en marche mais après la qualification pour Pékin, tout s’est accéléré. »

Boule : « Moi, en 1969, quand j’ai commencé à coacher, je devais tout faire, sélectionner, coacher, entraîner ; il y avait 1 kiné et 1 préparateur physique. De ce temps-là, on avait 10 ans de retard par rapport à la Hollande. Aujourd’hui, il faut prévoir un plus gros encadrement et certainement du staff médical. Aujourd’hui, on leur fait faire de trop et je vois certains qui fatiguent, notamment mentalement. Quand j’entraînais, et ce n’est pas comme aujourd’hui tous les jours, je voyais des gars qui fatiguaient : on arrêtait alors le hockey, on improvisait des jeux, du foot, des trucs marrants. Jusqu’à ce que l’influx nerveux revienne. Aujourd’hui, les joueurs, c’est un peu comme de la chair à canon. »

Tchouk : « On s’est beaucoup entraîné pour combler le retard qu’on avait par rapport à la Hollande. Etre beaucoup ensemble aide. Je suis d’accord avec Boule, on en fait trop aujourd’hui. Il y en a qui tirent la langue. Maintenant qu’on est au sommet, on peut revenir à un système un peu plus léger, avec des temps de repos. »

Boule : « La Belgique est un petit pays, on a un gros avantage au niveau des distances ; quand je vois la France, l’Espagne, ils ont des kilomètres à faire pour s’entraîner. Maintenant, pour les joueurs plus anciens, je pense qu’il faut mettre des jeunes dès aujourd’hui et ne pas attendre. Oui, bien sûr, je me souviens de la période d’Uccle où la direction du club a trop compté sur ses anciens et n’a pas voulu intégrer des jeunes. Le président d’alors voulait des résultats et a joué le court terme. Les 10 jeunes d’Uccle et du Merlo (le satellite d’alors) sont partis d’Uccle parce qu’ils étaient bloqués ; 5 d’entre eux sont devenus internationaux. Et Uccle est descendu peu après. Je me souviens encore de Guy Miserque qui disait qu’il ne fallait pas faire monter un jeune à la fin du match. Il soutenait qu’il fallait faire monter le jeune au début de la rencontre et le faire monter lui en cours ou en fin de match s’il fallait faire changer le résultat. »

Tchouk : « Certains clubs ont de bonnes réserves, d’autres bonnes Open League : il faut voir comment chaque club peut alimenter son équipe première. Maintenant, les anciens de l’équipe nationale sont à leur place ; s’ils sont là, c’est qu’ils le méritent, ils ont le niveau et ils l’ont prouvé. Les Lions ont gagné l’argent à la récente coupe du Monde et l’ont fait sans sortir de matchs extraordinaires, la preuve que la base est bonne et qu’ils sont les meilleurs au monde. Maintenant, c’est vrai que d’autres équipes se sont renouvelées et que du sang neuf, des idées fraîches, avec des joueurs qui n’ont pas encore gagné ce que les nôtres ont gagné. Là, attention ! »

Boule : « Certains super joueurs du championnat n’ont jamais percé en international. Il faut attraper le rythme, le truc. De notre temps, c’était en plus compliqué parce qu’on ne changeait pas les joueurs ; si on sortait, c’était fini pour tout le match. Et nous, on jouait deux fois 35 minutes ! (rires) Et en plus, on ne pouvait pas changer plus de deux joueurs, même en cas de blessure…»

Tchouk : « Les équipes nationales ont tiré les clubs vers le haut et les règles ont bien évolué. »

Boule : « Les fautes au foot, c’est horrible. Il y a tant de fautes, de tirage de maillot, etc. Je ne parviens plus à regarder. »

Tchouk : « Oui, c’est vrai, par rapport à notre hockey ; le problème, pour les non-initiés, il faut comprendre les règles et toutes les subtilités. Et le fait que le jeu est rapide, qu’il n’y a pas d’arrêts pour les fautes, c’est devenu très exigeant au niveau physique. »

Boule : « Vous avez la chance d’avoir la vidéo et de pouvoir analyser les phases en détail, en arrêtant les images. De mon temps, pas de vidéo : on jugeait sur les impressions. Et puis aujourd’hui, avec le coup-franc joué directement, pas le temps de discuter sur les fautes. »

Tchouk : « C’est vrai qu’on passe pas mal de temps à l’analyse. »

Boule : « Merci à mes parents de m’avoir fait naître dans les années 40 ; tout était plus facile. J’ai pu faire des trucs incroyables, 4 Jeux Olympiques. Pour aller en Australie, on mettait 6 jours. J’ai visité plein de pays. Aux JO, on était libres ; on avait une tribune dans le stade d’athlétisme. Il y avait tant de liberté. »

Tchouk : « A Londres, c’était terrible, après les attentats du 11 novembre, tout était barricadé. On n’a pas pu sortir. On n’a rien vu. Au début de ma carrière, on a fait quelques trucs comme des safaris avec Patche Serruys… Faire tous ces voyages, ça a été formateur. »

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