MORE THAN A SLEEPER

May 29, 2025
MORE THAN A SLEEPER

 

 

Incroyable mais vrai ! Après un doublé Championnat-EHL la saison passée, Alexander a récidivé cette année avec la Gantoise. Star incontestée de notre championnat et figure incontournable du hockey mondial, c'était le moment idéal pour le rencontrer avant les Play-off afin d'en dresser le portrait que nous avons publié dans le dernier, numéro de notre magazine Hockey player MAG. Extraits...

 

Un article du Hockey Player magazine n°82

 

Meilleur buteur aux JO, à la Coupe du Monde, à l’euro et en hoofdklasse, Alexander Hendrickx, déjà triple champion de Belgique avec le Dragons, vise un nouveau titre avec la Gantoise. Après avoir tout gagné en Hollande, à 31 ans, celui que beaucoup considèrent comme le meilleur tireur de penalty au monde revient dans notre cham- pionnat avec de grandes ambitions

 

 

 

Par Boris Rodesch

 

Après six saisons avec Pinoké en hoofdklasse, c’était le bon moment pour revenir en Belgique ?

J’ai tout gagné avec Pinoké. Le championnat en 2023 et l’EHL en 2024. Je suis même devenu le meilleur buteur de l’histoire du club avec plus de 100 goals. Et puisque je fonctionne par cycle, soit je rempilais jusqu’aux pro- chains Jeux olympiques, soit je décidais de revenir. Mon frère venait de devenir papa et je suis le parrain de son fils. Je suis très famille et j’avais aussi envie de voir da- vantage ma copine. Quand je jouais à Pinoké, je vivais à Amsterdam du mercredi au dimanche. Je ne me voyais pas vivre toute ma vie à l’étranger et j’avais surtout envie de commencer à construire mon avenir, ici, en Belgique.

Plusieurs Red Lions sont devenus papas, tu y penses ?

Bien sûr, je suis en couple depuis la coupe d’Europe, à Anvers, et nous sommes très heureux. À mon avis, ça devrait arriver d’ici deux ans.

Tu habites avec ta copine, à Kalmthout, dans la pro- vince d’Anvers... Amsterdam ne te manque pas trop ? La ville me manque. Amsterdam est une ville exception- nelle. Je sortais de chez moi et j’étais directement dans le centre. Ici, je dois conduire 30 minutes pour rejoindre Anvers.

Quand as-tu pris la décision de signer à la Gantoise ?

En Janvier 2024, ça n’a pas été une décision facile sur le plan émotionnel. En l’annonçant à mes coéquipiers, je m’étais fixé un dernier objectif : remporter le doublé, championnat-EHL. Au final, nous avons dû nous conten- ter de la coupe d’Europe mais ça a été un super cadeau d’adieu.

As-tu envisagé d’autres clubs que la Gantoise ?

J’ai eu des discussions avec l’Herakles et d’autres clubs hollandais mais j’ai vite compris que Gand serait la destination idéale. Ils cherchaient un défenseur et ça faisait un moment qu’Antoine Kina me disait qu’ils avaient besoin d’un bon sleeper. Ils ont de très belles infrastructures et ils se battent chaque année pour le titre. C’est exactement le club qu’il me fallait.

Après avoir été réserviste à Rio, tu étais présent à To- kyo et à Paris. Vises-tu une 3e participation aux Jeux Olympiques, à Los Angeles, en 2028 ?

C’est mon objectif mais la décision finale appartiendra au coach.

Avant ça, tu auras peut-être aussi l’immense privilège de participer à une Coupe du Monde en Belgique... Je garde un souvenir exceptionnel de l’Euro, à Anvers. Jouer devant son public à une saveur très particulière. Et en Coupe du Monde... Ce sera encore plus dingue !

 

Quand tu vois les footballeurs jouer dans des stades pleins, as-tu parfois l’impression de t’être trompé de sport ?

Je suis réaliste, il suffit de comparer les sponsors et les salaires, tout ça est proportionnel. Ce n’est pas le même business, il y a tellement moins d’argent en jeu au hockey. Mais c’est vrai que c’est un peu dommage car je suis certain que l’on pourrait attirer plus de monde autour de nos rencontres.

Est-ce différent dans le championnat hollandais, qui reste le meilleur championnat au monde ?

Il y a un peu plus de monde, notamment pour voir jouer les trois clubs d’Amsterdam. Le hockey y est plus populaire, à Amsterdam en particulier où l’on voit partout dans la ville des gens avec des housses sur le dos. Mais il faut être patient, en dix ans, ça a déjà terriblement évolué. Il suffit de voir le nombre d’affiliés qui ne cesse d’augmenter ou encore l’engouement autour de l’équipe nationale. En Hollande, ils font payer une entrée à partir des play-offs. C’est une bonne façon de faire rentrer de l’argent et ça participe au développement du sport. Mais c’est vrai que si je compare au foot où je dois payer une entrée pour voir mes potes jouer en « 15e division »... On finira par y arriver. Après, le côté encore très familial du hockey en Belgique a aussi son charme.

Comment juges-tu le niveau de notre championnat ?

Il a bien progressé en six ans. Il attire aussi de plus en plus de joueurs étrangers. Quand j’évoluais au Dragons, le niveau était beaucoup moins homogène. Maintenant, il y a 6-7 équipes qui se battent pour les 4 premières places. La concurrence est plus rude et c’est excellent pour le niveau du hockey en Belgique.

 

 

Si tu devais définir ton style de jeu ?
Je suis un défenseur physique et dur au niveau des duels, j’aime les contacts et je mets beaucoup d’impact dans mon jeu. Je joue simplement, sans chipoter, je suis plutôt rapide et efficace dans mes passes.

Que répondrais-tu à ceux qui disent que tu dois tout à la qualité de ton sleep ?

Je dois énormément à la qualité de mon sleep, c’est clair, mais en revanche, j’essaie de ne pas trop y penser et d’être le meilleur défenseur possible. Je tiens à être sélectionné dans mes dif- férentes équipes parce que je suis un bon joueur et pas juste pour mon sleep. C’est aussi une source de motiva- tion pour continuer à m’améliorer.

Dans quel domaine peux-tu justement encore progresser ?

Mon jeu de passes est parfois trop prévisible. En un contre un, défensivement et tactiquement... Je peux pro- gresser dans tous les secteurs du jeu. Aussi sur le plan physique et dans mes déplacements, surtout dans les petits espaces où je dois encore améliorer mon agilité et ma vivacité.

On imagine que tu n’es pas devenu l’un des meilleurs tireurs de penalty au monde du jour au lendemain ?

Cela représente énormément d’heures de travail. J’ai commencé à m’entraîner sur cette phase quand on jouait encore sur un demi terrain. Et depuis les U15, je m’y entraîne presque quotidiennement. Plusieurs coaches m’ont accompagné. Peu à peu, j’ai dévelop- pé ma puissance en allant à la salle et en soulevant des poids de plus en plus lourd. Sur le plan technique, je me suis également amélioré. Et j’ai aussi dû être patient avant de devenir le premier tireur. Parce que quand tu es le deuxième ou le troisième, tu n’as que très peu de possibilités par match et ce n’est pas fa- cile de s’imposer comme une évidence aux yeux du coach. C’est à la Coupe du Monde 2018 que Shane McLeod m’a désigné premier sleeper. Mais c’est aussi très important dans le hockey moderne de pou- voir compter sur plusieurs tireurs pour éviter d’être trop prévisible. L’idée étant de semer le doute chez les sorteurs adverses en variant le plus possible les phases de PC.

Quel est ton avis sur cette phase de jeu de plus en plus controversée ?

Elle est dangereuse pour les sorteurs mais aussi pour les tireurs. On n’en parle pas souvent mais certains sorteurs ne réfléchissent pas, ils arrivent sur nous comme des kamikazes au moment où nous sommes sur une seule jambe. C’est ce qui m’est arrivé à la der- nière Coupe du Monde où un joueur japonais m’a ex- plosé le genou... Si un tel contact avait lieu n’importe où sur le terrain, ce serait la carte jaune direct, mais sur PC, les arbitres ne sanctionnent jamais ce genre de fautes. Il faut réfléchir à cette phase, que ce soit pour la sécurité des sorteurs et des sleepers. Mais au final, le hockey ne peut pas se passer des PC, c’est une phase de jeu bien trop spectaculaire.

Quel est ton avis sur le retour de Shane McLeod en tant que T1 ?

C’est une excellente nouvelle pour le groupe. Juste- ment parce qu’il est très fort pour donner confiance aux jeunes joueurs. Avec Shane, Craig Sieben et Pas- cal Kina, nous avons le meilleur staff au monde.

Qu’est ce qui t’anime en dehors du hockey ?

J’aime voir mes amis, ma famille, passer du temps avec ma copine et mon chien, Coco. Je vais aussi au stade pour encourager mon équipe de football favo- rite, l’Antwerp. C’est mon club depuis toujours. Quand j’étais gamin, nous habitions à deux rues du stade, à Deurne. Nous y allions en famille voir tous les matchs. Pour l’anecdote, j’étais dans le ventre de ma maman quand elle est allée à Wembley supporter l’Antwerp en finale de la coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, en 1993. Je communique parfois avec Toby Alderweireld sur les réseaux sociaux. C’est un super joueur et un bel exemple. Il réalise une superbe car- rière, il est resté humble et très ouvert. C’est un dé- fenseur rugueux et dur dans les contacts, nous avons un profil un peu similaire. Je n’oublierai jamais son but du titre, j’étais au stade pour suivre le match sur écran géant et c’était la folie.

Quelle a été ta plus belle rencontre grâce aux Red Lions ?

Notre parcours nous a ouvert tellement de portes, c’est difficile à dire. On a enchaîné les plateaux TV et nous sommes invités au Palais Royal tous les ans, ma grand- mère est jalouse (rires).

Penses-tu déjà à ta reconversion ?

J’ai un master en Sciences Economiques mais ça ne signifie pas que je travaillerai un jour dans ce secteur. Tout peut aller si vite, il suffit d’une rencontre ou d’une discussion intéressante... Je commencerai à y penser après la Coupe du Monde 2026. Tant que je suis chez les Red Lions, ce n’est pas possible de s’investir dans autre chose.

Pour conclure, à l’aube d’un nouveau cycle en équipe nationale, le triplé est-il envisageable ?

Nous y croyons, ça fait trop longtemps qu’on n’a plus remporté un titre. Et après la désillusion de Paris, nous avons aussi ce petit sentiment de revanche nécessaire pour se motiver à bosser comme des malades avant de retrouver le chemin de la victoire.

 

LE PARFAIT RED LION

Le mental : Vincent Vanasch
La combativité : Arthur van Doren
La vision du jeu : Arno Van Dessel
Le shoot en coup droit : Tom Boon
Le shoot en revers : Roman Duvekot
La passe : Arthur De Sloover
Le Flick : Moi
Le dribble : Antoine Kina
La condition physique : Thibeau Stockbroekx
Le sprint : Thibeau Stockbroekx
La meilleur défenseur : Arthur De Sloover
Le meilleur attaquant : Tom Boon
Le meilleur pour les shootouts : Arthur van Doren

 

 

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